J’ai pris des nouvelles de Jérémy cette semaine.

Il va bien, l’hiver est long mais tous les contrats sont passés pour l’année.

Les plannings distributeurs sont clairs et une partie de son équipe est en Chine afin de suivre les fournisseurs.

 

Il y a bien 2-3 assemblages à la chinoise, des traitements hyper allergènes à surveiller, la tentation locale est assez intense sur ce point même si les choses s’améliorent.

 

J’étais étonné qu’il ne soit pas en Chine. En général il y est à cette saison.

Je lui ai demandé.

Il m’a expliqué qu’il avait des audits clients à l’horizon et donc pas mal de points à s’assurer de lui même.

 

Point principal : le rangement de ses entrepôts. Surtout celui de Carquefou, un vrai musée. Je le taquine. En gros c’est rangé, mais disons que le 5S n’est pas dans les détails…

 

Il me dit : « Tu sais le rangement, chez nous… on pousse les palettes, il y a les emballages abîmés, les outils de dépannage, le vieux Manitou, le seul qu’on possède en propre, un vieux nanard qui date d’avant, mais bon il nous dépanne bien en période haute. Enfin bon pour l’auditeur, on rangera la veille.

Ce n’est pas terrible : quand çà m’agace trop, je pique un coup de gueule, les gars rangent, et le lendemain c’est redevenu pareil.

Sauf depuis 15 jours, ils ont eu un électrochoc !

 

Le truc qui n’a rien à voir sur le papier.

 

Tu sais, j’étais à la rue sur l’emploi des personnes à handicap. Sincèrement, je me sens concerné, au fond de moi j’ai toujours eu envie de donner la chance à quelqu’un. Et puis je me demandais quel poste, dans une petite boite comme la mienne ? À moins de développer des accessoires de loisirs pour personnes à handicap. ?

Mais quel handicap ?

 

Et en discutant avec ma DRH un soir, nous avons décidé de lancer un projet sur le recrutement d’une personne à handicap. Nous nous sommes dit : c’est le challenge sociétal du moment.

Je dis challenge parce que je m’en faisais un monde, finalement ce n’est pas si compliqué.

 

Tu sais, on se limite beaucoup, les postes en qualité, la compta, la logistique, la préparation des commandes… On a l’impression qu’il faut toujours tous ses sens actifs, imaginer un handicap, c’est tout de suite une montagne.

Alors qu’en fait la question ce serait d’avoir une liste de handicaps et d’associer des postes !

 

Bref, on lance le projet, on commence à en parler à droite, à gauche… on imaginait quelqu’un à mobilité réduite sur un poste administratif et ce n’est pas du tout ce qui s’est passé..

Nous avons recruté Mathieu, acheteur, non voyant, et alors un killer en négociation le gars !

 

Bref, c’était il y a 3 semaines.

Du coup j’ai réuni tout le personnel, j’ai expliqué notre démarche, les rencontres, notre choix pour Mathieu.

Et le point crucial du rangement. Oui parce que nous allons être aidés pour son adaptation. Et le consultant qui est venu a fermement signalé l’importance de ritualiser les trajets d’un non voyant, car il doit apprendre les lieux différemment et établir ses repères.

Donc ses repères sont les murs, les angles, etc..

Et le consultant nous dit : « en revanche, çà demande que le sol soit dégagé car cela va lui créer des obstacles et des risques de chutes. »

 

Tu vois le couloir qui mène à la salle de pause dans le grand hall de l’entrepôt ? Il y avait 4 palettes en vrac, le manitou en diagonal, des plastiques au sol … d’un coup je me suis dit, çà ne va pas le faire !

 

J’explique çà au personnel, et tilt de leur part ! J’entendais que çà réagissait au milieu d’eux, quelques rires, mais surtout … une prise de conscience !!

 

Mes gars prenaient conscience du rangement !!!!

 

Et le pire, c’est qu’ils font carrément des efforts, hier, Pascal pose les palettes de travers avec le Manitou, il y a Franck qui passe, ils ont dû se dire un truc, paf je vois mon Pascal reranger les palettes et les aligner sur la zone jaune !!

Du jamais vu !

 

Le consultant m’a dit « vous allez voir, votre boite va être transformée ».

Comme quoi, je me dis qu’on ne fait jamais assez confiance dans ses équipes ! »

 

A suivre.

 

JellyFish by Philippe H.

« L’entreprise se dévoile »